Le cycle de l’innovation : un concept en constante évolution
Durant les vingt dernières années, la manière d’innover a rapidement évolué du fait des progrès technologiques. Le concept même d’innovation a lui aussi profondément changé. Aujourd’hui, innover ne consiste plus seulement à mobiliser des ressources internes en vue de fabriquer des produits différenciants : un grand nombre de facteurs externes sont venus enrichir la démarche. Avec l’essor de nouveaux modes de communication entre partenaires de travail et l’apparition de nouveaux leviers d’innovation, celle-ci implique plus d’acteurs et d’interactions que jamais.
Cette évolution fait aussi écho à un changement dans les attentes des consommateurs. Les comportements d’achat ont eux aussi subi de réelles transformations, en particulier dans l’agroalimentaire et la grande consommation. L’innovation ne se trouve plus seulement dans la partie visible ou fonctionnelle d’un produit : elle touche aussi au mode de fabrication et à la manière dont celui-ci répond aux nouveaux besoins de flexibilité, d’intuitivité ou encore de mobilité.
Ces tendances rendent la véritable innovation plus difficile à atteindre. Outre le besoin de renouveler plus souvent les gammes de produits — et donc d’innover plus souvent —, les industriels doivent également faire face à des phénomènes de copie ou de dérivés de leurs innovations. Se distinguer durablement est donc un défi de taille.
C’est pourquoi la vision du cycle de l’innovation a dû elle aussi évoluer au fil des années afin de prendre en compte les contraintes plus nombreuses, mais aussi l’évolution du produit au-delà des phases de conception et de développement. Ainsi, l’innovation devient une démarche sur le long terme, et on constate qu’elle suit des tendances bien identifiables.
Les modélisations les plus récentes permettent de mieux comprendre l’aspect périodique de l’innovation et ses enjeux :
Cycle de l’innovation de Schumpeter
L’innovation de rupture donne lieu à des séries d’innovations groupées. Ces ruptures, qui interviennent par vagues, se raccourcissent au fil des décennies et nécessitent d’être de plus en plus réactif.
Courbe de diffusion de l’innovation de Rogers
Le succès de l’innovation est conditionné par son adoption. En fonction de l’acceptation du nouveau produit sur la durée, on assiste à un essor du produit ou bien il est nécessaire d’innover de nouveau.
Courbe du changement de Kübler-Ross
L’innovation seule n’est pas toujours un critère d’achat. Le changement doit être accompagné suffisamment tôt, puis sur la durée pour garantir une bonne acceptation.
Courbe du hype de Gartner
L’innovation (en particulier technologique) génère des espérances, puis une part de déception. Ces deux phases sont suivies d’une découverte plus approfondie du produit et d’une création de valeur.
Chacune de ces modélisations l’indique clairement : l’innovation en tant que telle ne suffit plus. Celle-ci doit faire l’objet d’une approche plus globale. Il est nécessaire de penser les phases de conception, de développement et de production dans l’optique des étapes suivantes, car celles-ci déterminent le succès de la démarche entière et conditionnent le ROI : le changement d’approche est donc crucial pour des entreprises soumises à un fort besoin de rentabilité.
L’impact de l’innovation sur le cycle de vie produit
Le cycle de vie produit est profondément impacté par les évolutions de l’innovation. La vie d’un produit est en effet intimement liée à celle-ci. Un tiers du portefeuille produits des entreprises du secteur agroalimentaire étant renouvelé annuellement, de nouvelles phases d’innovation interviennent parfois durant la commercialisation. La manière de penser et de documenter le produit doit impérativement prendre en compte ces évolutions.
L’information produit se doit d’être complète : toutes les données concernant un produit à chaque étape de sa vie sont des atouts pour instaurer une démarche d’amélioration continue. Pour les consommateurs, l’innovation réside aussi dans la capacité d’écoute d’une marque et dans l’optimisation de ses produits déjà sur le marché. C’est pourquoi des sources telles que les retours d’expérience, les réclamations clients ou les interventions sur les réseaux sociaux contribuent elles aussi à l’innovation.
D’autre part, tout produit implique des questions de coût : le coût de l’innovation fait partie intégrante de l’investissement produit, et doit être bien compris et maîtrisé pour faire de ce produit un succès commercial.
La réduction des coûts se pense donc à chaque étape. La R&D et la production en font partie, mais aussi l’analyse de la performance produit et l’amélioration des fonctions. A la bonne gestion des investissements doit s’ajouter une définition adéquate de la valeur du produit. Grâce à ces deux leviers essentiels, le ROI pourra être optimisé de manière plus réaliste.
Piloter l’innovation avec succès
On le voit, ce pilotage de l’innovation a des conséquences sur chaque étape de la vie du produit. Il s’agit donc d’un enjeu crucial composé de plusieurs problématiques :
- En premier lieu, le raccourcissement des cycles d’innovation impose de réduire le time-to market afin rester compétitif
- Il est également nécessaire de sélectionner les innovations à plus fort potentiel en fonction de leur adoption par le public. Cette démarche permet de mieux concentrer les efforts
- L’accompagnement de l’innovation est essentiel. Celui-ci peut se faire en s’appuyant sur les early adopters (qui deviennent alors ambassadeurs de la marque) et en déployant les bonnes actions pour faire comprendre et tester l’innovation
- Enfin, innover, c’est également anticiper les nouveaux usages qui découlent de l’innovation. Une fois dans la phase de création de valeur, l’utilisation du produit peut évoluer sous l’influence de facteurs externes auxquels il faut être attentif.
Pour traiter chacun de ces enjeux, les industriels doivent mettre tous les atouts de leur côté en :
- Accumulant une connaissance métier et un savoir-faire réutilisable
- Consolidant l’information (y compris financière) pour analyser l’innovation de manière globale
- Obtenant des retours d’expérience et en consultant les utilisateurs
Développer une démarche d’innovation performante nécessite de passer aisément d’une « vue d’aigle » à une « vue de fourmi ». En combinant les dimensions micro et macro de la donnée produit, les industriels de l’agroalimentaire et de la grande distribution peuvent piloter plus judicieusement chaque étape.
Cette double vision peut être obtenue en intégrant la démarche de pilotage de l’innovation aux données fournies par le PLM. Aux informations produit et métier exhaustives s’ajoute ainsi une prise de recul qui permet d’atteindre plus facilement les objectifs. L’innovation se pilote ainsi dès les premières idées, avec une stratégie claire et de meilleures chances de succès… et une analyse bien plus poussée des retours d’expérience !